Profils paysans. 3. La vie moderne

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Bande annonce
Réalisation Depardon Raymond
Année 2008 Durée 1h30 Langue VF

Synopsis

Raymond Depardon a suivi pendant dix ans des paysans de moyenne montagne. Il nous fait entrer dans leurs fermes avec un naturel extraordinaire. Ce film nous parle, avec une grande sérénité, de nos racines et du devenir des gens de la terre.

De 1998 à 2008, Raymond Depardon a entrepris un long voyage cinématographique pour suivre l’évolution de la vie agricole en moyenne montagne. Pendant dix ans, il a filmé des paysans en Lozère, Haute Saône, Ardèche et en Haute-Loire. Il nous fait entrer dans leurs fermes avec un naturel extraordinaire. Cette bouleversante trilogie parle, avec une grande sérénité, de nos racines et du devenir des gens de la terre. Un cinéma envisagé avant tout comme un art du temps, de la patience et de l’enregistrement de traces laissées par les humains.

UNE TRILOGIE

Profils paysans 1 : l’approche (2001)
Profils paysans 2 : le quotidien (2005)
Profils paysans 3 : la vie moderne (2008)

Une solitude habitée

"La Vie moderne" est l’aboutissement pour Depardon d’un travail d’une quinzaine d’années auprès des paysans des Cévennes. Après les deux volets de « Profils paysans », il conclut avec sa collaboratrice et épouse Claudine Nougaret (qui s’occupe du son et de la production) cette évocation du monde des moyennes montagnes par un film somptueux qui entend redonner leur dignité à ces paysans cévenols.

Il ne faut pas voir dans « La Vie moderne » une vision généraliste du monde paysan. Depardon s’intéresse à un certain type d’élevage, très modeste, très proche de la terre et des bêtes. Ce n’est pas sociologiquement juste, mais c’est le monde qu’il a côtoyé enfant et vers lequel il n’a cessé de revenir. Un retour difficile, car on sent le poids des choix que le cinéaste a fait. Il a quitté cette terre et ses habitants à seize ans pour courir la planète et ce n’est que depuis la fin d’ « Afriques, comment ça va avec la douleur » que l’on sent ce nécessaire besoin de renouer avec ce pays. Il a quitté ce monde aussi par honte et ce n’est qu’au fil du temps que ce sentiment a cédé la place à une forme de fierté vis à vis de cet héritage. Il se lance alors dans un projet au long cours, un film qui serait tourné sur une dizaine d’années. Mais une telle production est inenvisageable, les financements de la télévision appelant un traitement bien plus classique. Ce sera donc finalement deux films tournés en 16mm pour la télévision qui nous emmènent tout naturellement vers cette œuvre de cinéma.

S’il est trop tard pour filmer ses parents, Depardon trouve chez les frères Privat (l’aîné à quatre vingt quatre ans dans ce dernier volet), Paul Argaud. Marcelle et Paul Brès (qui ont disparus avant « la Vie moderne ») ce qu’il entend rendre de ce monde. Tout d’abord approcher et donner à ressentir la profondeur de ces taiseux, ce qui passe par une immense attention portée aux silences. Depardon cherche à nous transmettre ce qui passe dans ces moments où la parole n’est plus là pour évoquer un vécu, une histoire. Et lorsque la parole vient, elle ne fait que confirmer ce que l’on avait déjà compris en scrutant les gestes, les visages. On sent que Depardon a patiemment gagné la confiance de ces paysans et qu’ils savent que le film ne les trahira pas.

À travers la présence du cinéaste, ils s’adressent à nous et « La Vie moderne » devient une bouleversante affaire de transmission, alors même qu’ils ont tant de mal à transmettre leur savoir et leurs propriétés à une nouvelle génération. Depardon s’attache aux vieux paysans, ceux qui voient leur monde s’éteindre, mais il s’intéresse aux jeunes générations. Il se demande ce que vont devenir ces fermes, ces terres, s’il y a de possibles repreneurs ou si ce monde est définitivement condamné à disparaître par faute de transmission. Les anciens n’estiment vraiment personne capables de prendre la relève (c’est le sujet de l’admirable « Dernière saison » de Raphaël Mathié sortit la même année) et les fils abandonnent la terre à cause du poids que les aînés leur font porter. Les séquences nous montrant Alain Rouvière, qui vient de se marier et va reprendre la ferme des frères Privat, sont particulièrement éloquentes. Dans les silences des oncles il y a le doute quant aux capacité du jeune homme à prendre la relève et lorsqu’Alain est interrogé, on entraperçoit par la fenêtre derrière lui la présence d’un des aïeuls. Comment peuvent avancer les enfants avec un tel regard ? Les fils désertent donc, comme Derpardon a déserté. Il y a d’autres jeunes venus de la ville, mais leurs vision idéaliste des choses peut-elle survivre au réel ?

Finalement, les plus modernes ne sont-ils pas ces paysans vieillissants qui ont compris que le mode de vie qui est le leur est terminé, qu’il serait vain d’essayer vaille que vaille de le reproduire ? Comme on accepte la vieillesse, la mort, ces paysans ont appris à accepter celle de leur monde.Il n’y a rien de didactique, de sociologique en jeu dans ce film admirable. Juste de l’empathie, un nécessaire besoin de comprendre et de transmettre un peu de ce monde, de ces vies. C’est un film sur la dignité, qui est ici question de regard et d’écoute.

Pour la première fois de sa carrière, Depardon intervient directement dans les scènes, non pas par l’unique usage de la voix off comme il à son accoutumée, mais en conservant au son ses questions, ses remarques mais aussi ses hésitations, ses balbutiements. Il se met en scène au côté de ceux qu’il filme. La dignité est bien sûr une question de mise en scène : dans le cinémascope, que Depardon utilise ici pour la première fois ; dans la qualité de la photographie (premier film français en 4K avec la caméra Pénélope spécialement conçue à l’occasion par Pierre Beauviala selon les instructions de Depardon) ; dans l’ampleur de l’univers sonore (huit pistes sons en direct et l’utilisation du dernier né de chez Aaton, toujours Beauviala) ; dans le temps laissé aux hommes. Et cette ouverture magistrale, long travelling qui traverse les paysages sur la musique de Gabriel Fauré, qui nous emmène dans leur monde, nous laisse le temps d’oublier notre vécu pour que l’on soit attentif à l’autre à cet inconnu qui déboule soudainement au bout du plan, enrayant la belle mécanique de la mise en scène.

Depardon évite tout misérabilisme, ne ramène jamais la condition de ces paysans à la pauvreté, à la solitude, à la mort d’un monde. La solitude qui nous est ici présentée est habitée. Il ne porte pas de regard nostalgique, bien que le film soit naît d’une forme de nostalgie pour la ferme du Garet. Pour Depardon, ces paysans sont aussi modernes que nous pouvons l’être. Et sa manière de faire du cinéma est aussi éminemment moderne. La pointe de la technologie utilisée par un couple qui réalise et qui tient seul le film. Une approche terre à terre, physique, économe et modeste du cinéma. Toutes choses qui rapproche le film des paysans dont il retrace le monde. « La Vie moderne » est un film bouleversant qui sait laisser la place au doute et au questionnement.

Olivier Bitoun (DVD Classik)

Revue de presse

Le Monde  : "La manière relève d’une infinie délicatesse, d’une impression de naturel et de simplicité, dont on sait bien qu’elles tiennent par le cinéma de Depardon."

Les Inrockuptibles : "le film est en effet somptueux sans aucun tape-à-l’oeil... Du grand art."

L’Humanité : "Le grand cinéaste (...) après Le Quotidien et L’Approche, signe le dernier volet de sa trilogie paysanne La Vie moderne (...) Exceptionnel."

Positif : "Depardon semble s’être libéré avec La Vie Moderne, acceptant et donnant à voir la part d’intimité qui constitue la raison même de son besoin de filmer le monde paysan."

Fiche technique

Réalisation : Raymond Depardon
Image : Raymond Depardon
Montage : Simon Jacquet
Son : Claudine Nougaret
Mixage : Gérard Lamps

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Proposé par ARTE Pays de production France Zone de diffusion France / Guadeloupe / French Guiana / Martinique / Mayotte / New Caledonia / French Polynesia / Réunion / Saint Barthélemy / Saint Martin (French part) / Saint Pierre and Miquelon / Switzerland / French Southern Territories / Wallis and Futuna

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