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Louise Michel (1h30)

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Quelque part en Picardie, le patron d’une entreprise de cintres vide son usine dans la nuit pour la délocaliser. Le lendemain, les ouvrières se réunissent et mettent le peu d’argent de leurs indemnités dans un projet commun : faire buter le patron par un professionnel.
Avec : Yolande Moreau, Bouli Lanners, Miss Ming, Benoît Poelvoorde...

Traquer le margoulin

Rendre un hommage à l’anarchiste communarde révolutionnaire Louise Michel à travers un film où elle n’apparaît même pas (sauf dans un carton hommage à la tout fin), est la moindre des surprises d’un film guère avare en la matière. « Louise-Michel » c’est donc l’histoire de Louise et de Michel. Que la première soit un homme joué par Yolande Moreau et le second une femme jouée par Bouli Lanners pose d’emblée l’univers loufoque et décalé du troisième long métrage de Gustave Kervern et Benoît Delépine. Louise, donc, est une des ouvrières qui découvre un beau matin son usine de textile de Picardie vidée par un patron voyous. Alors que ses camarades se demandent ce qu’elles vont faire de leurs indemnités misérables (2000 euros par employée jetée à la rue), elle propose à ses camarades de se côtiser pour se payer les services d’un tueur (ce sera le pataud Michel) afin de buter le patron. Louise et Michel font équipe pour traquer le margoulin et vont, aussi décidés que Lee Marvin dans « Point Blank », remonter toujours plus haut dans la hiérarchie pour trouver le véritable responsable. La charge est sans concessions et Delépine et Kervern traduisent à la perfection à travers cette fable féroce le système capitaliste actuel : déshumanisation des employés, actionnaires se goinfrant de fortunes dont ils ne savent que faire (le riche patron se payant un nain de jardin vivant, où quand le mauvais goût n’est pas une question de richesse), imbrication brazilienne des entreprises et déresponsabilisation morale des employeurs... C’est hilarant, méchant, outrancier. C’est aussi profondément triste, tant l’image du monde que les cinéastes nous renvoient à la gueule est désespérante.

L’ombre d’Aki Kaurismaki - on le sait depuis « Aaltra »- plane sur le cinéma de Kervern et de Delépine et Yolande Moreau est, avec son mutisme si éloquent, une évidente transfuge de l’univers du cinéaste finlandais. Le film navigue ainsi entre gags énormes et humour désespéré : l’échange de sexe est ainsi, au-delà de l’atout comique évident, une manière de montrer que la société capitaliste va jusqu’à détruire les personnalités pour des questions de survie. La mise en scène de Kervern et Delépine s’affine par rapport à leurs deux premières réalisations. Ils utilisent de longs plans fixes et jouent sur des actions sises dans la profondeur de l’image ou dans le hors champ, le travail sur le son participant à cet exercice où notre attention est constamment détournée de l’action principale pour guetter ce qui passe autour. Ne pas voir seulement que ce qui est évident, ce qui saute aux yeux, le gag, mais ce qu’il y a entoure, ce qu’il entraîne fait partie d’une mise en scène politique.

Le discours de « Louise-Michel » est manichéen ? Oui, peut-être, mais on s’en fout. C’est juste un film qui crie haut et fort que, malgré ce qui nous est seriné à longueur de temps, la lutte des classes n’est pas une histoire passée, que le combat continu, ici et maintenant. Et que ce cri soit d’abord un rire donne toute sa force à cette œuvre pamphlétaire, énervée et vivifiante. L’une des plus belles surprises du cinéma comique français de ces dix dernières années !

Olivier Bitoun (DVD Classik)

Revue de presse

- Le journal du dimanche : Road-movie totalement barré qui dénonce avec un humour très noir les conséquences dramatiques de la délocalisation et la banalisation de la précarité.

- Le Monde : Davantage que la provocation grotesque de son argument, c’est cette dimension monstrueuse, farcesque, carnavalesque, qui fait tout l’intérêt du film. C’est elle qui invite le spectateur à s’intéresser davantage aux digressions délirantes de l’intrigue qu’à son but.

- L’Humanité : L’acuité de l’observation du monde comme il va mal (...) conduit à des choix de ressorts dramatiques et comiques ancrés dans un réalisme d’où le grotesque découle par le dévoilement de la vérité nue.

Récompenses

-  Amphore d’or au Festival du film Grolandais (2008)
-  Prix du meilleur scénario au festival de San Sebastian (2008)
-  Prix spécial « originalité » du jury au Festival du film de Sundance (2009)
-  Prix Jacques-Prévert du scénario (2009)

Fiche technique

Réalisation : Gustave Kervern et Benoît Delépine
Scénario : Gustave Kervern et Benoît Delépine
Directeur de la photographie : Hugues Poulain
Ingénieur du son : Guillaume Le Bras
Assistant son : Matthieu Roche
Directeur de production : Anne Bennet
Régisseur : Loïc Jouanjan
Chef décorateur : Paul Chapelle
Musique : Gaëtan Roussel (Louise Attaque)

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Chômage - Comédie - Lutte - Patronat - Picardie - Sundance - Travail

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