Synopsis
Paraguay, 2008. Après 35 ans de dictature Stroessner et 17 ans de pouvoir et de corruption du parti Colorado
(le seul au pouvoir après la transition démocratique du 1989), Fernando Lugo, ancien évêque de la Théologie
de la Libération, "évêque des pauvres" , se présente à la présidence. Il représente l’espoir de bâtir un avenir meilleur.
Martin Almada, militant des droits de l’homme et découvreur des Archives de la terreur, et Guillermina Kanon-
nikoff, accompagnent Fernando Lugo sur son chemin jusqu’aux élections du 20 avril, nous conduisant dans
l’espoir et l’excitation d’un pays prêt à changer son destin.
Premier film du dyptique.
Produit par Troubled Productions, en coproduction avec Suttvuess et Kinemultimedia.
UN DIPTYQUE
La tierra sin mal (2008) et Pouvoir et impuissance, une tragédie en trois actes (2014) se suivent chronologiquement.
Ensemble, ces deux films forment un diptyque puissant sur l’ascension et la chute d’une utopie politique. En retraçant un cycle historique du Paraguay, ils mettent au jour des dynamiques profondément universelles.
Avec La tierra sin mal, le récit s’ouvre sur l’élection surprise de Fernando Lugo en 2008 — un ancien évêque adepte de la Théologie de la Libération — incarnant le rêve d’un Paraguay plus juste, plus équitable. Cette victoire historique, après plus de soixante ans d’hégémonie du Parti Colorado, le même parti que celui de la dictature de Stroessner (1954-1989), portait l’espoir d’un tournant : celui d’une réforme agraire dans un pays ravagé par l’extractivisme et l’agrobusiness multinational.
Mais cet élan de changement est brutalement interrompu en 2012, lorsqu’un coup d’État parlementaire — le 25e tenté contre Lugo — met fin à son mandat. Ces quatre années de gouvernement, marquées par les espoirs, les avancées, mais aussi les tensions et les contradictions, sont racontées comme un thriller politique dans Pouvoir et impuissance, une tragédie en trois actes.
Après le coup d'État, le pouvoir retourne entre les mains du Parti Colorado, rouvrant la voie au pillage des ressources et à l’impunité. Aujourd’hui, 94 % des terres cultivées sont accaparées par l’agrobusiness, principalement destiné à la culture du soja transgénique. Cette mainmise s’accompagne d’une répression brutale envers les oppositions locales.
C’est cette continuité de l’abus et de la violence que raconte De la guerre froide à la guerre verte (2024), dernier volet de la trilogie.
À travers ces trois films, la réalisatrice adopte un regard à la fois participatif et analytique : avec un point de vue personnel, proche des personnes filmées, dans l’intimité de leurs luttes, tout en gardant une distance critique qui éclaire les enjeux. Ce regard, à la fois lucide et profondément humain, filme l'histoire en train de se faire et a été salué dans de nombreux festivals internationaux.
Le style de réalisation de Recalde, qui s’apparente à une forme d’anthropologie politique, a souvent été comparé à des figures telles que Pino Solanas ou Patricio Guzmán.
En 2025, la réalisatrice a sorti un nouveau fillm au cinéma, De la Guerre Froide à la Guerre Verte, bientôt sur CinéMutins.
PRENDRE LE POUVOIR ET CHANGER LE MONDE
Pour la première fois en VOD, voici deux films de Anna Recalde Miranda, dont vous avez pu voir récemment au cinéma De la guerre froide à la guerre verte (bientôt sur CinéMutins) . Avant ce nouveau film il y en a eu deux autres, qui forment un diptyque sur l’ascension et la chute d’une utopie politique. L'action se déroule au Paraguay et, comme souvent, l'amérique latine est un laboratoire concentré de politique concrète que nous devrions sans cesse garder dans nos radars (la gauche s'en est trop détournée depuis quelques années, c'est une erreur). Deux films à voir absolument avant de prendre le pouvoir ! Surtout si ça arrive après des années de dictature... et qu'on ignore la violence de l'alliance capitaliste d'extrême droite.
FESTIVALS
Prix du meilleur film au "Cine las americas" (USA), prix du meuilleur film "Hai visto mai" (Italy),
participation à plusieurs festivals internationaux, comme le Festival de Guadalajara (Mx), Docsdf (Mx),
Festival de Biarritz - cinémas et cultures d'Amerique Latine 2009 (France).
NOTES DE LA RÉALISATRICE
Le Paraguay a toujours captivé mon imagination, il était pour moi un « ailleur’ extraordinaire et onirique.
J'ai toujours été curieuse de connaître cette terre remplie de traditions et de rituels, la « terre sans mal »,
comme les indiens paraguayens guarani appelaient leur « paradis sur terre », leur recherche incessante de la
justice et de la paix.
Ma grand-mère et mon père me racontaient la lutte pour la justiice sociale et l’égalité de mon arrière-grand-
père, Don Rufino Recalde Milesi, premier député socialiste de ce pays. J'ai découvert au fil des années le
panorama politique du Paraguay, avec cette interminable dictature et ses conséquences, depuis les années
Stroessner jusqu'à nos jours. Et, à ma grande surprise, chaque fois que j'ai parlé de la situation
paraguayenne, j'ai trouvé une indifférence superficielle en guise de réponse.
C'est la raison principale qui m’a motivé, en 2008, à partir filmer cette élection significative dans un pays loin-
tain. En raison de sa marginalité, le Paraguay a conservé une attitude particulière à l'égard du reste du
monde, mais les tensions et les contradictions présentes dans tout processus politique démocratique, y com-
pris le rôle de la religion, sont apparues. L'idée que j'avais en tête était de vérifier les principes de la démocra-
tie dans un « degré zéro du vote », comme dans les élections paraguayennes. Je n'ai pas été déçue : cette
aventure m'a ouvert les yeux sur les forces et les contradictions inhérentes à l'histoire et aux processus dé-
mocratiques. Surtout, elle m'a permis de faire la connaissance de personnes incroyables, animées d'un
courage inspirant.
ANNA RECALDE MIRANDA AU POSTE
La réalisatrice était invitée par David Dufresne sur auposte.fr en mars lors de la sortie de son nouveau film De la guerre froide à la guerre verte (prochainement sur CinéMutins)
- Voir l'émission Green is the New Red. Comment la repression tue les écologistes d’Amérique Latine.
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