Synopsis
Un beau jour, Henri décide de tout laisser tomber pour vivre d'amour et d'eau fraîche. Il échoue à Pont-Aven et fait la connaissance d'Emile, un peintre local imitant Gauguin, et avec lequel il partage ses beuveries...
Revue de presse
AvoirAlire : La composition magistrale de Jean-Pierre Marielle emporte tout. Le sourire enjôleur, la moustache qui frise, un regard appuyé et une voix de velours en ont fait un personnage unique qui a traversé le temps. Pour la carrière du comédien, il y a eu un avant et un après. Il saura, par la suite, alterner les comédies et les drames dans lesquels on retrouvera toujours un petit peu quelque chose d’Henri Savin, triste et gai, hâbleur mais maladroit, agaçant et touchant
La galerie d’acteurs qui entoure le "héros" est totalement au diapason : Bernard Fresson joue un nouveau riche libidineux, violent et machiste, Jeanne Goupil, incarne une fausse ingénue qui sait ce qu’elle veut, Claude Piéplu compose un curé coincé flanquée d’une sœur voyeuse. On mentionnera également la sensuelle Andréa Ferréol dans le rôle d’une marchande de parapluies, ou encore Romain Bouteille, en curé alcoolique.
Il est très revigorant de revoir aujourd’hui ce film libre, qui ne s’embarrasse pas de morale, mais témoigne d’un monde où règne une insouciance perdue. Ce n’est pas de la nostalgie, c’est un constat.
DVDclassik : S’il faut insister sur l’inscription très spécifique des Galettes de Pont-Aven dans sa décennie de production, ce n’est pas tant pour alimenter la vieille antienne du « C’était mieux avant ! » ou du « On ne pourrait plus faire ce genre de films aujourd’hui » (ce qui est probablement vrai, mais quel serait l’intérêt, sinon celui de la nostalgie ou de l’anachronisme, de faire un film transpirant à ce point son époque en dehors de celle-ci ?) que pour éviter, dans un élan symétriquement absurde, les relectures du film à l’aune de préoccupations morales essentiellement contemporaines. Oui, on ne s’exprime plus nécessairement de la même manière aujourd’hui, oui les rapports hommes-femmes ont évolué, et puis tiens, les modèles de voitures ne sont plus les mêmes, mais, tout bien considéré, quelles clés d’appréciation cela fournit-il sinon celles de nos présupposés ? En l’occurrence, limiter Les Galettes de Pont-Aven aux tirades salaces d’un quadragénaire s’extasiant sur les culs de femmes beaucoup plus jeunes que lui (et oui, il y a cela dans le film) induit une lecture partielle et passablement incorrecte de ce que l’œuvre raconte, en particulier sur la question des rapports hommes-femmes.
Les Galettes de Pont-Aven est aussi souvent présenté comme une comédie, et l’assez solide ancrage de sa réputation « culte » repose sur ce malentendu. Il y a dans le film d’assez régulières raisons de sourire, ce n’est pas le problème, mais le film raconte surtout l’histoire d’un homme en crise, qui fuit l’aliénation de sa cellule familiale pour aller d’échecs en échecs et s’effondre dans une déchéance alcoolique. Le film s’achève sur une note optimiste, sur l’idée vivifiante d’une « renaissance » (sous forme de bandaison), mais qui a bien regardé le film remarque nécessairement un écho entre la jovialité de Monsieur Henri lors des dernières séquences et la joie profonde qui l’habitait, quelques dizaines de minutes plus tôt, lors de sa fuite avec Angela, c’est-à-dire avant qu’il ne sombre. Ce que le film décrit, c’est donc un dépressif en sursis, qui demeure toujours à la lisière de rebasculer. Le film montre surtout la manière dont cet homme en crise a construit son existence sur la projection qu’il opère sur les femmes, indépendamment de ce qu’elles sont réellement : il les fantasme, les commente abondamment, les place dans une forme de « sur-réalité » idéalisée qui ne fait qu’alimenter son mal-être profond. Notons d’ailleurs que – de canadiennes en bretonnes, de jeunes en vieilles, de filles probes en filles de joie, d’ingénues en perverses – le film offre un panel suffisamment large de profils pour qu’on puisse difficilement l’accuser d’établir une quelconque « taxonomie de la féminité », si ce n’est à travers une aspiration à la liberté, à l’affranchissement, qui mérite d’être soulignée.
Article complet à lire ici : https://www.dvdclassik.com/critique/les-galettes-de-pont-aven-seria
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