Synopsis
Dans le métro, Alphonse Tram retrouve son couteau planté dans le ventre d'un inconnu avec lequel il venait de lier une conversation. Compatissant mais à peine troublé, il récupère son bien et regagne la tour dont il est, avec son épouse, le seul occupant. Il découvre alors que sa femme vient d'être tuée...
Le film vu par les mutins
Après Les valseuses, Préparez vos mouchoirs, renforcé par un Oscar, le cinéaste, en toute liberté, proposait un petit chef-d’œuvre du ciméma à l'humour noir et absurde avec un casting de rêve où l'on retrouve au sommet de leur forme : Bernard Blier (le père donc), Gérard Depardieu, Jean Carmet, Michel Serrault, Carole Bouquet et une troupe merveilleuse… À voir et revoir !
Revue de presse
Dvd Classik : Buffet Froid marque une rupture fondamentale dans l’œuvre et les thématiques abordées par Bertrand Blier. Au ton audacieux et enlevé empreint d’une certaine poésie des débuts succède ici la thématique de la solitude et de l’incommunicabilité. Les personnages insouciants et révoltés (Les Valseuses) laissent place à des personnages plus torturés et prolixes en paroles. Ce qui paraissait à la fois plus léger et bouillonnant dans son cinéma du milieu des années 70 tranche radicalement avec un ton plus sombre, plus pessimiste, mais aussi peut-être davantage axé sur l’humain, en phase avec la description d’une époque qui passe des chimères et des utopies à une réalité plus tranchante et réaliste. Les héros ne rêvent plus, l’industrialisation l’a emporté. Blier provoque toujours, mais la provocation n’a plus la même résonance. D’où un Buffet Froid glacial dans son propos. Symbole de cette nouvelle ère de construction et de chantier économique et industriel, l’émergence de ces tours immenses et anonymes, dans lesquelles s’engouffrent les populations. Le début des années 80 sera marquée en France par la construction de ces enceintes qu’on appellera plus tard quartiers sensibles. Le chantier était énorme, et Buffet Froid, avec son ambiance taciturne, l’évoque avec toute la pertinence et la justesse de regard dont Blier a toujours su faire preuve, mais là encore sans doute davantage.
www.avoir-alire.com : Auréolé du succès de Préparez vos mouchoirs, Oscar du meilleur film étranger, Bertrand Blier se vit octroyer davantage de marge de manœuvre pour mener à bien ce bijou d’humour noir et d’absurde. Buffet froid est un peu au cinéma français ce que les pièces de Ionesco constituent au théâtre contemporain : un témoignage de liberté dans la narration et une noirceur au-delà du burlesque des situations, révélant une vision pessimiste de la communication et des rapports humains. C’est aussi son film le plus épuré : la froideur des décors (des stations de métro à un lac faussement calme, en passant par une cité lugubre), dans des lieux désertés, hantés par les seuls protagonistes, crée un effet de distanciation et de dépouillement qui prolonge et dépasse les innovations déployées dans Les valseuses (1973), la veine picaresque étant ici plus discrète bien que toujours présente, surtout dans la dernière partie du film. Dès les premières séquences (d’anthologie), affrontements verbaux entre Gérard Depardieu et Michel Serrault (non crédité au générique), tout l’univers de Blier est déjà installé avec son goût pour les mises en abyme (Alphonse a-t-il tué le quidam ?), des situations saugrenues (le couteau qui disparaît dans un lieu désert), de la dimension temporelle évacuée (quand a eu lieu le meurtre ?) et du thème de la disparition en filigrane dans tout le film. La boucle sera bouclée au dénouement, avec l’apparition de Carole Bouquet, incarnation de la Mort la plus marquante au cinéma depuis Maria Casarès dans Orphée.
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