Synopsis
À Tunis, des femmes manifestent. Dans leurs mains, les portraits de leurs fils, frères, maris. Tous ont disparu alors qu’ils tentaient de rejoindre Lampedusa en bateau au moment du Printemps arabe. Parmi elles, Om El Khir. Son mari est parti alors qu’elle était enceinte de leur troisième enfant. Elle mène la lutte des femmes. Le film suit son parcours d’émancipation alors qu’elle cherche un équilibre entre son combat pour la vérité et sa vie de famille.
Om El Khir est une battante. Son mari a disparu. Un matin il est parti sur un bateau pour l’Europe et depuis elle n’a reçu aucune preuve de sa mort, ou de sa vie. Restée seule avec ses trois enfants, dans son appartement, vide et blanc, des environs de Tunis, elle se charge vaillamment du quotidien, à jamais changé par l’absence de son mari. Mais Om El Khir ne baisse pas les bras. Aux côtés de 503 autres femmes tunisiennes (principalement des mères de disparus), elle est à la recherche de la vérité, lutte pour que ces hommes ne tombent pas dans l’oubli et se mobilise pour que justice soit faite. Le récit de l’histoire d’Om El Khir par Ester Sparatore oscille entre sa vie privée et sa lutte au côté des autres femmes – deux aspects de sa vie devenus interdépendants. En restant toujours au plus près de cette figure dramatique, la cinéaste documente la naissance d’une nouvelle problématique et d’un nouvel espace politique de contestation. L’histoire de ces femmes tunisiennes, Antigone du temps présent, déplace notre regard et révèle que désormais les disparus sont bien les victimes de l’Europe devenue forteresse. Madeline Robert (programmatrice à Visions du réel)
La réalisatrice
Ester Sparatore est une réalisatrice sicilienne, née à Palerme où elle demeure toujours aujourd’hui. En 2001, elle sort diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Palerme, après avoir soutenu son mémoire sur l’histoire du documentaire. De 1999 à 2006, elle travaille pour l’entreprise de production CLCT Broadcasting à Palerme. Parallèlement à cela, elle travaille en tant qu’artiste vidéaste et expose ses créations dans des galeries et musées dans toute l’Italie. En 2011, elle fait partie de l’aventure Palazzo delle Aquille aux côtés de Stéfano Savona et Alessia Porto. Pour les besoins du tournage, chacun des trois cinéastes se relaie toutes les huit heures pendant un mois pour couvrir le siège de la mairie de Palerme par des familles expulsées de leur logement par les autorités. Ce documentaire a été présenté dans la sélection Acid au festival de Cannes et a reçu le grand prix du réel au festival Cinéma du réel, ainsi que le Human Rights award au Bafici Film Festival. En 2013, elle réalise Mare Magnum avec Letizia Gullo, un documentaire sur les élections municipales sur l’île de Lampedusa en 2012, où les débats se concentrent sur la question de l’immigration, attirant ainsi les médias du monde entier. Le film est sélectionné dans des festivals tels que Cinéma du Réel et Biografilm Festival. En 2013, Ester commence à travailler sur son projet documentaire Celles qui restent dont l’avant-première mondiale a eu lieu à Visions du réel en compétition internationale.
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Afrique - Famille - Féminisme - Migrants - Printemps arabe - Tunisie - inédit en VOD