Synopsis
Avec Gilles Defacque
À l'automne 2024, nous apprenons que Gilles est très malade. À l'hôpital où il est soigné, on lui annonce qu'il devra garder le lit strict. "Qu'est-ce que ça signifie ?" demande Gilles. Ça veut dire qu'il est exclu de quitter le lit pour le moment. Pour un homme comme lui, à la fois mobile et fantaisiste, éminent abatteur de barrières, cloisons, limites et clôtures, ayant élevé l'effronterie à un degré philosophique, il s'agit d'un nouveau défi, une situation antinomique. Une énigme à résoudre, un moulin à renverser, comme son illustre aîné Don Quichotte aurait pu l'envisager. Il faudra donc arpenter ce nouveau territoire, armé de quelques crayons, de carnets, poèmes, dessins, entouré de compagnons triés sur le volet. Patricia, sa complice, et puis les amis. "Retour à Lit-Strict" : ce sera la série imaginée par Gilles, déclinée en photos sous-titrées, indiquant les multiples épisodes, et forcément iconique !
Puisqu'on ne peut pas sortir d'ici, il faut un outil pour s'évader : la caméra. Cet espace contraint - le lit - devient lieu d'exploration. « Je serai ton Sancho Panza », ai-je dit. De Gilles on peut dire : "Il était vivant tant qu'il n'était pas mort". Au sens strict. Vivre = créer, aurait équationné Robert Filliou à son propos. Aucun relâchement. Se soigner, c'est créer. Et réciproquement ... Pourquoi s'arrêter ? À cause d'une vulgaire maladie mortelle ? Fi. Il n'y a pas de contre-indication à fabriquer, poétiser ce qui va venir. Retour à Lit-Strict n'est pas un film hommage, c'est un rempart contre la mort.
Arnaud Chéron, , comédien-documentariste et ami de Gilles.
UNE EXPOSITION
Ce film fait suite à une exposition que nous avons pu voir à la maison de la mémoire en marche à Uzeste Musical (hestjada de las arts), où Gilles Defacque était oeuvrier régulier depuis des années.
Merci à Patricia Kaspura pour continuer l'oeuvre d'un artiste qui nous a fait beaucoup rire, qui nous a beaucoup touché et qui nous a impressionné jusqu'au bout pour avoir fait oeuvre de sa vie, jusqu'au bout du bout. Les artistes ne meurent jamais.
Les Mutins de Pangée
« AUJOURD’HUI, C’EST MON ANNIVERSAIRE ! » de Gilles Defacque
Clown, auteur, metteur en scène et co-fondateur du Prato Théâtre International de Quartier, Pôle National Cirque à Lille, qu’il a dirigé jusqu’au 31 octobre 2021, a exploré dans ses spectacles les formes les plus multiples du rire et de la poésie comme il a décloisonné dans ses programmations. En touche-à-tout assumé, il a joué, écrit, dessiné, gribouillé, photographié et exposé régulièrement son Journal d'un Quelqu'un.
Gilles Defacque est décédé le 27 décembre 2024.
Lors de ses derniers mois d’hospitalisation, il a beaucoup dessiné, commis des mini films et des photos, imaginé une série « Retour à Lit-Strict – iconique, historique ! ». Devant la créativité de Gilles, vive et nécessaire pour surmonter douleurs et mauvaises nouvelles, commande lui fut faite alors par David Bobée d’une exposition. Le Théâtre du Nord, Ronan Ynard et l’équipe l’ont mise en œuvre et proposée du 17 janvier au 8 février 2025. Le titre « Aujourd’hui c’est mon anniversaire ! » fait référence à Tadeusz Kantor, son dernier livret de spectacle où il évoquait « sa pauvre chambre de l’imagination sur scène ». Motivé, Gilles a continué de dessiner jusqu’aux derniers jours sa vie au quotidien avec le personnel soignant, les visites, les échanges et l’actualité bien sûr, tandis que Arnaud le filmait.
Exposition complète en tournée : LES COMIQUES AGRICOLES de Culture à la Ferme, Beauquesne (80), du 20 au 22 juin 25 ; 48ème HESTEJADA DE LAS ARTS de la Cie Lubat, Uzeste (33), entre le 17 et le 23 août 25 et projection le 23 ; UNIVERSITE de Lille, Galerie des 3 Lacs, Pont de Bois Villeneuve d’Ascq, du 15 septembre au 17 octobre, projection le 10 octobre…
Encore une fantaisie de clown ? Une ultime pirouette faite par quelqu'un affrontant la mort sans tristesse et avec la volonté de ne pas laisser pleurer autour de lui. (La Croix du Nord, 24 janvier 2025)
Entretien avec David Bobée. « L’expo s’ouvre par la dernière phrase qu’il vous a dite : « Pour l’exposition tu leur diras bien (…) que c’est pas morbide, bien sûr il y a l’hôpital, il y a la mort mais c’est le processus créatif qui ne peut pas s’arrêter. C’est pas morbide. C’est pas un hommage »… Gilles est mort, mais le clown est vivant. Il est mort en clown, cette figure qui rejette le formatage et nous montre que l’humour peut être politique, avec son rire de résistance. Par les rires et les mots. Il parvient à se réapproprier toutes les situations, même celles qui paraissent sans issue. Son film, ses dessins sont beaux. Poignants aussi. Ce n’est pas juste sa mort, mais sa vie entière qui a été un pied de nez à la camarde. La fin de vie, ce sont ds moments particuliers que beaucoup de gens vivent mais dont peu parlent. Je ne sais pas si c’est un message posthume de sa part, mais ce qui est certain, c’est que c’est une leçon de vie. (Voix du Nord, 15 janvier 2025)
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