Synopsis
En janvier 2018, l’abandon de la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes met un terme au combat mené pendant des années par l’une des plus importantes communautés d’activistes de France. En immersion dans la ZAD entre 2022 et 2023, Guillaume Cailleau et Ben Russell rendent compte d'une société qui, après la lutte qui l'a réunie, esquisse à présent les contours d’un autre monde possible. Au même moment, à Sainte-Soline, les Soulèvements de la Terre s’opposent à un projet de privatisation de l’eau et se heurtent, une fois encore, à la violence de l’État.
Issu d'un travail en immersion de longue haleine, dans les pas de Wiseman aussi bien que d'Akerman, DIRECT ACTION est le portrait unique et hypnotique d'une communauté singulière, loin du sensationnel des confrontations policières. Par leur observation minutieuse, les cinéastes documentent un mouvement singulier où il est encore permis de rêver aux “lendemains qui chantent”.
Festivals
Berlinale 2024 - Meilleur film (Encounters) et Mention spéciale du jury documentaire
Cinéma du Réel 2024 - Grand Prix
New York Film Festival 2024 - Sélection Officielle
Revue de presse
Critikat.com : Composé d’une série de plans-séquences, DIRECT ACTION dresse le portrait d’un lieu de la façon la moins discursive qui soit, en s’intéressant aux actions et situations qui le constituent matériellement.
Les Inrockuptibles : Entre l’urgence à saisir la violence du rapport de force avec l’État et la nécessité de représenter un idéal de vie autonome dans toutes ses dimensions, "Direct Action" accomplit un geste d’une rare justesse.
Première : Ce documentaire brûlant est sans aucun doute le film le plus politique de l’année.
L'Obs : Filmée entre 2022 et 2023 au lendemain de la fragile victoire remportée par les zadistes contre le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, cette longue immersion scrutatrice, au cœur de ce monde militant, gagne à être découverte.
Aux origines du film
En 2019, Ben Russell s’est installé en France après avoir vécu à Los Angeles. Compte tenu de son intérêt de longue date pour les utopies collectives (villages Saramacas, scènes underground et collectivités baltes), il s’est très vite tourné vers la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, à la fois pour sa communauté et pour son territoire. Il a proposé à son ami Guillaume Cailleau, cinéaste et producteur français basé à Berlin, de collaborer à un film qui aurait pour objet principal cette ZAD, sa terre et ses habitants. Cailleau, lui-même issu d’un milieu rural de l’ouest de la France et s’intéressant de près aux systèmes de production et de résistance, a très vite répondu par la positive avec beaucoup d’enthousiasme.
Lors de leur première visite à la ZAD, ils ont fait la rencontre d’une communauté hétérogène de penseur·euse·s politiques, de rêveur·euse·s utopistes, de militant·e·s radicaux·ales, de producteurs·ices laitier·ère·s, d’enfants de tous âges, disséminés sur un espace forestier et agricole évoquant vaguement la forme d’un aéroport jamais construit.
Si le paysage de la ZAD est relativement limité, s’y trouver physiquement permet de prendre conscience de ce qu’il aurait été si l’aéroport avait été construit : la boulangerie collective serait une boutique de souvenirs, la dense forêt de chênes et de bouleaux une piste d’atterrissage. La population de tritons crêtés vivant dans les zones humides n’existerait plus et aucun symposium d’une semaine rassemblant des boulangères en lutte n’aurait eu lieu. Dans ce contexte de mouvement de résistance spécifique, le moindre détail devient majeur.
Afin de pouvoir accéder à cette communauté (constituée d’une dizaine de collectifs), il s’est révélé nécessaire de s’y rendre une à deux semaines par mois pendant un an. Ces visites impliquaient de manger et dormir sur place, de se joindre aux membres de la ZAD dans leurs corvées de bois, de désherbage, d’abattage de murs, de confection de pain. Il fallait être présent dans la ZAD afin de pouvoir vivre le temps de la ZAD. Par ailleurs, du fait d’une représentation souvent négative de la part des médias (en particulier durant les confrontations de 2012 et 2018), Cailleau et Russell ont dû prendre le temps nécessaire pour gagner la confiance des habitants.
En tant que cinéastes, ils ont toujours appréhendé la forme et le fonds comme ayant un lien direct et indissociable. Pour cette raison, il leur a été particulièrement stimulant de travailler avec des individus pour qui action et idéologie sont inextricables. L’utopie est nécessaire à la cause commune et le cinéma est un des meilleurs moyens pour la mettre en œuvre. Le cinéma devient alors le meilleur moyen d’interroger, présenter et recréer l’utopie ZADiste comme un modèle pour vivre et survivre à l’incertitude environnementale des temps présents.
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