Synopsis
1886. Alors qu'il a abandonné la poésie depuis longtemps, Arthur Rimbaud, âgé de 32 ans, est désormais marchand dans la Corne de l'Afrique. Il aspire au bonheur et envisage de rentrer en France. Il a simplement besoin de réussir un dernier coup, le plus gros : vendre des milliers de fusils à Ménélik, le roi de l'une des provinces d'Ethiopie. Mais rien ne se va se passer comme prévu.
"Dans Spendide Hôtel, c’est le monde qui est empoisonné, qui intoxique le poète interprété par le puissant Damien Bonnard (également crédité comme co-producteur et ayant plus ou moins officiellement participé au scénario), qui le fait plonger dans des abîmes de dérèglement, poussant alors Rimbaud à l’errance, à la colère, à son regard de plus en plus halluciné, à ses manières de plus en plus dangereuses (l’empoisonnement des chiens), homme condamné à la réclusion pendant une durée indéterminée dans une ville et une fiction sur les parois desquelles il se cogne sans pouvoir s’en évader. Les choix de Pedro Aguilera semblent de ce point de vue assez judicieux dans le sens où ils permettent de représenter un réel qui semble lui-même déréglé par ce qui le constitue : le choix de Damien Bonnard pour incarner Rimbaud alors que l’acteur a quinze ans de plus et aucune ressemblance frappante avec son personnage ; la volonté de filmer un univers sans temporalité (donc sans repères) dans lequel le poète du XIXème siècle côtoie des habitants du bout du monde appartenant au XXIème siècle, portant djellabas et Adidas et vivant sur des chalutiers qui n’ont rien des bateaux de pêche d’antan ; les effets de boucles spatiales et temporelles accroissant le sentiment d’enfermement dans une situation insoluble. Ce sens de l’anachronisme et des disjonctions temporelles, cette confrontation permanente entre la réalité brute (le port de Tanger, où le film a été tourné, est filmé de façon presque documentaire) et la fiction qui y infuse génère un monde bancal, inconfortable, oppressant, où rien n’est jamais faux mais où rien n’est non plus jamais vrai. Un monde où, de jour en jour, on croise et recroise encore et encore les mêmes lieux, les mêmes visages, les mêmes situations de dèche, de promesses non tenues et de crises de colère de plus en plus difficiles à contenir." Culturopoing.com
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