Sur le fil du Zénith

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Bande annonce
Réalisation Pontalier Natyvel
Année 2021 Durée 55 min Langue VOSTFR

Synopsis

Je viens d’un peuple - les Fangs - où les morts ne quittent jamais les vivants. Mais depuis que nous sommes devenus chrétiens nous n’arrivons plus à les entendre. Perdue entre ce que je sais et ce que je vois, entre l’ici bas et l’au-delà, je mène une quête initiatique qui me permet de révéler notre histoire, celle qui n’a pas été transmise.


Entretien de Natyvel Pontalieravec RFI

Sur le fil du Zénith, est-ce un film ou une initiation ?
Je dirais plutôt une quête, parce que l’initiation, ce n’est vraiment pas quelque chose de fini en tant que telle. Donc, c’est plus un cheminement.

Dans le film, vous dites : « Les ancêtres nous envoient des signaux. À nous de les entendre ». Êtes-vous prête à les entendre aujourd’hui ?
Oui. Le moment où j’ai vraiment senti une connexion, c’était en 2017. Mes premiers questionnements ont surgi à partir de 2014 quand je me suis posé la question sur les croyances dans ma famille, surtout à travers de toutes ces cérémonies traditionnelles auxquelles j’ai assisté et qui me semblaient folkloriques. En même temps, j’avais la sensation qu’on ne me disait pas tout, qu’il y avait des choses cachées. J’avais envie de connaître cette histoire pour pouvoir mieux comprendre qui étaient mes grands-parents.
La génération de ma mère est une génération de rupture. Ils étaient clairement éduqués à la cure ou alors par des sœurs. La génération de mes grands- parents est encore connectée à la tradition. En même temps, il était difficile d’y avoir accès. La grand-mère est la dernière détentrice, dans le sens où elle parle encore la langue.
Mon grand-père, qui a été « éduqué », nous a parlé plus en français. Avec nos grand-mères, nous avons dû parler en langue fang, on était dans leur univers. Nous avons discuté avec elles, mais nous n’avons pas eu accès aux traditions, parce que, entre nous, il y avait la génération de nos parents qui ne nous a rien transmis.

Un autre point de rupture était la colonisation, l’arrivée du christianisme. Est-ce que c’était aussi un point de rupture par rapport à la tradition dans votre famille ?
Pour moi, le point de rupture, c’est vraiment au moment de la perte de cet objet, le Byeri.

Le Byeri, c’est ce reliquaire transmis de génération à génération permettant dans la croyance des Fang à communiquer avec les morts ?
Oui. Et la perte des reliques entrainait la perte de la croyance. Une fois l’objet disparu, le reste aussi disparaît. Lors de l’arrivée de la religion chrétienne, les prêtres allaient dans les villages et demandaient aux gens de jeter les reliques, « ces symboles de diable, de la sorcellerie ». Quand les familles se convertissaient, elles emmenaient les reliques. D’autre part, ces objets nécessitaient d’être entretenus régulièrement. Comme il n’y avait plus de transmission, plus d’initiations, il n’y avait plus de gens capables de les entretenir. Les ruptures se sont faites à ce moment-là. Néanmoins, comme m’a dit ma mère spirituelle, au fil des générations les choses se sont dématérialisées.
Les ancêtres ont eu cette intelligence de revenir et, par exemple, de dire des choses à moi, qui est complètement ancrée à l’occidentale, et de me revenir en rêve pour que je puisse me poser des questions. Ce qui a été assez fort par rapport au film, j’étais partie pour filmer quelque chose de perdu, mais, au final, tout était là, mais de manière implicite.

C’est-à-dire ?
Il était là dans tout ce qui se passe dans le quotidien, les cérémonies de mariage, de décès... Tous les gestes et rituels des générations étaient là, sauf que c’était un peu déguisé. Par exemple, on organise une cérémonie de retrait de deuil, en même temps on fait une messe. On associe les choses. On voyait cela comme de la danse, en même temps, nous avons eu conscience qu’il y avait des esprits, que pendant le retrait du deuil, le grand-père va revenir. Nous le savons, pourtant on a fait la messe. Nous sommes un peu cette génération entre-deux. Ils nous ont conditionnés à croire aux deux.
Nous sommes le fruit de trois générations issues de cette colonisation. La génération de nos parents, eux- mêmes éduqués à ne parler qu’en français, a parlé à notre génération qu’en français. Et une fois qu’on perd la langue, on perd aussi une transmission, la philosophie, une manière de penser. Ce n’est pas que l’objet qui est perdu, mais aussi les chants, les danses... Dans le film, l’un des moments importants était quand j’essaie de traduire les chants. C’est en langue fang, mais codé. Elles parlent très très vite. Même ma mère ne pouvait pas comprendre les chansons. Les gens qui faisaient les initiations avaient codé les messages, parce qu’ils se méfiaient aussi des autres qui avaient été convertis.
Il y a une transmission par les rituels, mais qui sont devenus un peu folklorique. À travers les chants, beaucoup de choses sont encore restées. Moi, j’ai 37 ans, je ne sais pas ce qui va rester du message avec la génération après moi. Pour cela, le film était important pour moi.

En tant que réalisatrice, quel est votre regard sur le Gabon dans le film ?
Mon regard sur le Gabon, c’est vraiment d’interpeler surtout ceux de ma génération, mais aussi la génération avant. De se dire, on ne pourra pas partir voir le futur, si l’on ne construit pas notre propre identité, notre propre histoire. Je me rappelle, dans les livres que j’ai étudiés au Gabon, la première des choses dont on a parlé, c’était la colonisation. On ne peut pas grandir comme ça.

Pourquoi il était si important pour vous d’aller avec la caméra dans les cérémonies d’initiation ?
Pour moi, aller dans une cérémonie d’initiation, c’est de me réapproprier l’image, parce qu’on a pas mal vu des images d’initiation. Mais, c’est toujours cette image du Noir, cannibale, en transe qui croit aux esprits. Cela rappelle aussi la chasse aux sorcières qui a eu lieu en Europe. Pour moi, il s’agit de me réapproprier cette image de la transe que les gens ont déjà vue, dont ils ont déjà des préjugés, et de me positionner comme quelqu’un qui a vécu cette initiation. Puis, à travers un récit qui a l’air rationnel, raconter une chose qui échappe à une réalité. Après, cela ne peut pas être réaliste, parce que si je devais vraiment filmer une initiation, la caméra devrait avoir la capacité de filmer les esprits qui apparaissent. Ce que la caméra n’a pas encore réussi à faire. Tout ce qu’on peut voir, c’est juste quand l’esprit incarne un corps.

Après vos initiations, après avoir fait ce film, avez- vous le sentiment d’appartenir aujourd’hui à deux univers, à deux mondes, ou plutôt à un monde élargi ?
C’est important de savoir d’où on vient. Du coup, on peut aller partout. Lorsque je me présente aux autres, je peux aussi me raconter dans ma singularité, mes racines. Ce qui ne m’empêche pas d’être en dialogue avec d’autres personnes qui croient autre chose. Je suis chez moi à Bruxelles, comme je suis chez moi à Libreville. Après, à Bruxelles, je serai un peu l’étrangère. Et quand je suis au Gabon, je serai la Blanche. Mais, une fois qu’on assume cette double posture... Même si l’on me traite de « Blanche » au Gabon, j’arrive, je déclame, personne ne va remettre en question qui je suis. Je sais très bien que je ne viens pas en touriste. Oui, j’ai un accent ou des manières où l’on sent bien que je ne suis pas vraiment du coin, mais je peux dire : c’est là, le village de mon grand-père, je viens de cette lignée-là et ils vont répondre : « ah, oui, c’est telle famille ». Ici, en Belgique, forcément, on se dit que je viens de l’étranger, après, j’ai un accent belge, j’ai les codes... J’ai l’impression d’appartenir au monde. Je pourrais être partout et je m’adapterais.


FESTIVALS

DFA • Sélection Luminous & unConscious Bias • Amsterdam, 2021
FIPADOC • Compétition internationale • Biarritz, 2022
BLACK MOVIEGenève, 2022
ETONNANTS VOYAGEURS Saint-Malo, 2022
SEYTOU AFRICA • Paris, 2022
STLOUIS'DOC • Saint-Louis, Sénégal, 2022 • Grand prix du Jury–moyen et court-métrages
ETATS GENERAUX DU FILM DOCUMENTAIRE Lussas, 2022
FESTIVAL CINEMONDES •  Berck-sur-mer, 2022
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D'AMIENSCompétition, 2022
AFRIKA FILM FESTIVALPrix Unesco • 2023
FIFEQ MONTREAL • 2023
FIFAC • Allons au cinéma Prix du jury Gabon, 2023
GRIOT Festival de cinéma noir contemporainBrésil, 2023


 

FICHE TECHNIQUE

Réalisé par Natyvel Pontalier
Monteuse : Emma Augier
Productrices : Mathilde Raczymow
Image : Hélène Motteau
Son : Ophélie Boully
Monteur son / mixeur : Arno Ledoux / Jeff Levillain
Étalonneur : Michael Cinquin
Coproducteurs : Aurélien Bodinaux Pierre Ceccaldi


 

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Proposé par TANGENTE Pays de production France, Belgique, Gabon Zone de diffusion Andorra / Belgium / France / Guadeloupe / French Guiana / Luxembourg / Martinique / Mayotte / New Caledonia / French Polynesia / Réunion / Saint Barthélemy / Saint Martin (French part) / Saint Pierre and Miquelon / Switzerland / French Southern Territories / Wallis and Futuna

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Sur Le Fil Du Ze Nith Un Film De Natyvel Pontalier 1080p



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