Habiter la ville : un nouveau récit populaire

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Bande annonce
Réalisation Bourru
Année 2023 Durée 1h03 Langue VF

Synopsis

Un lieu illustre les enjeux de la création des villes aujourd’hui : l’îlot Lamour-Les Forges à Rezé, commune de la métropole nantaise. Les politiques l’avaient décrété comme étant un endroit stratégique pour un renouvellement urbain intense. C’était oublier qu’il y avait des habitants, de toute sorte. Au sortir du premier confinement, des voisins composés de locataires, squatteurs et propriétaires se rencontrent. Un collectif se crée et, ce faisant, on assiste à une véritable réappropriation du politique.

 Pour les projections scolaires, vous pouvez contacter la réalisatrice sur son site 

Une ville de banlieue : Rezé (44)

Rezé est une ville de 42 919 habitants (Insee). Très attractive et en forte croissance, elle est la troisième commune la plus habitée des vingt-quatre que compose la métropole nantaise. Avec 656 275 habitants (2018, Insee), Nantes Métropole confirme son rang de sixième agglomération française. Dans ce contexte de politique d’attraction, la majorité métropolitaine s’est fixée comme objectif dans son Plan Local de l’Habitat 2019-2025 de construire 6000 logements par an. Aujourd’hui Rezé compte 20 164 résidences principales réparties dans sept quartiers.

Pont-Rousseau en est le principal même si la mairie a été construite ailleurs. Ancien faubourg de Nantes, il marquait l’entrée sud de la ville. Sur le site de la mairie de Rezé, on peut lire : « Situé en plein cœur de la métropole, Pont-Rousseau a une bien longue histoire... Ancien poumon économique de Rezé, il poursuit sa métamorphose aux rythmes des projets urbains. (...) Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, plus d’un Rezéen sur deux habite à Pont-Rousseau, lieu central de la vie économique et industrielle. » Aujourd’hui il s’agit d’un quartier populaire ancien en profonde transformation et qui se densifie fortement. Il bénéficie d’une forte centralité avec une gare Ter, deux lignes de tram, un marché, des bars, coiffeurs, retoucheries et autres petits commerces. Pour autant, pas de maison de quartier. Le prix médian d’une maison dans ce quartier est de 4 200€/m2.

Au cœur de ce quartier, un îlot est remarquable. Lieu du tournage, il s’agit de l’îlot Lamour-Les Forges, du nom des venelles qui le traversent. En 2015, le conseil métropolitain annonçait que l’îlot avait “un potentiel intéressant de densification et une réelle attractivité auprès des promoteurs.” On retrouve effectivement BatiNantes, le CISN, le groupe Launay, Vinci. La nouvelle municipalité élue en 2020 affirme vouloir freiner cette densification. On vit ici au rythme d’un phénomène de friches spéculatives en fin de cycle. Laissées volontairement à l’abandon par leurs propriétaires, dont la mairie, parfois depuis des décennies, les bâtiments se dégradent fortement avant de devoir être rasés pour construire du neuf avec des matériaux et des architectures n’anticipant ni les problématiques environnementales, ni le maintien ou le renforcement de formes sociales conviviales.

Politique, citoyenneté et participation

Tous ces mots usés se sont ré-invités chez une partie des Roussipontain·es. On parle ici de droit à la ville, de droit au logement et de conscience de lieu. Ce film montre la réappropriation du politique par celles et ceux qui font partie de cette histoire collective. Il s’agit d’une participation auto-produite et, ce que le film n’a pas le temps de montrer, d’une recherche sur la construction de règles communes pour la vie en commun.

C’est aussi un ensemble de pratiques et d’expérimentations qui favorisent un processus relationnel en dehors des cadres d’apprentissages traditionnels. On peut citer des temps d’échange autour de l’urbanisme ici et ailleurs, de sensibilisation aux espèces protégées locales (comportement et habitat du crapaud alyte accoucheur), la création d’un atelier d’auto-réparation vélo ou encore la réalisation d’une carte sensible habitante de Pont-Rousseau, l’accueil de très nombreux étudiant·es et groupes d’étudiant·es (architecture, géographie, design, etc.). La réinscription de la forme carnavalesque historiquement connue sous la forme d’un magnifique « Carnaval sauvage » totalement autogéré et accouché largement depuis les lieux squattés (ateliers, création des chars, freeshop, base-vie du Carnaval) qui a tenu sa quatrième édition en 2023.

Si on constate une réappropriation du politique, la politique électorale n’est pas absente pour autant. Incarnée par les élu·es, des liens se font et se défont à mesure des événements. À Rezé, haut lieu résiduel d’un très fort vote de gauche (vote également contre le projet de transfert de l’aéroport Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes), la municipalité élue en 2020 pendant la crise du Covid se revendique aujourd’hui « citoyenne », composée d’ex-élus PS et de personnes non encartées parfois débutantes dans la forme électorale. Lors de la campagne des élections municipales de 2020, les candidat·es sont venues dans un premier temps présenter leurs projets lors de moments informels et d’une réunion organisée dans ce premier squat. Une fois la liste Rezé Citoyenne élue, il s’en est suivi des échanges et une volonté commune de cohabiter.

L’ouverture du deuxième squat (24, rue Jean Jaurès) a rompu le dialogue avec une procédure d’expulsion déclenchée par la mairie. En accord avec le promoteur qui allait commencer la démolition pour la réalisation d’un projet immobilier mi-habitat participatif, mi-logement classique, le collectif de La Commun.e a quitté ce deuxième squat. Quelques mois plus tard, il en ouvre un troisième (17, rue de la commune de 1871) sur un lieu qui venait d’être préempté par la municipalité.

Une médiation judiciaire est actuellement en cours entre cette dernière et l’association créée pour porter le projet de maison du quartier autogérée.
 

La réalisation du documentaire

Habitante du quartier, la réalisatrice Laure Bourru a tourné des séquences pendant deux ans. Un temps long et des tournages souvent de dernière minute qui ne permettaient pas d’inscrire ce documentaire dans un parcours de financement habituel. Il s’agit ainsi d’un film auto-produit qui a aussi permis plus de liberté dans les choix de réalisation (pas de voix off, pas d’interviews posées, pas de musique).

L’équipe technique était réduite à deux ingénieurs du son (Ronan Furet et Jean-Christophe Lion) qui se sont relayés sur la moitié des tournages, et un chef opérateur (Victor Blondel) qui est venu en appui pour l’interview déambulée du promoteur. Tous les professionnels de l’image et du son étaient bénévoles.
 

 

 

 

 

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Proposé par Bourru Pays de production France Zone de diffusion Monde / France

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