Synopsis
Monique et Michel Pinçon-Charlot, deux sociologues infiltrent l’aristocratie française. Un monde fermé où tout brille de mille feux. Châteaux, appartements privés, gîtes de chasse, bals. Ajustez votre smoking et choisissez la bonne pochette. Vous embarquez dans un voyage au cœur du Gotha français.
La critique du Monde
Le vicomte de Rohan, dont le titre "remonte au XIe siècle", ne compte pas le laisser tomber dans l’oubli. A propos du patrimoine français, il ajoute : "Il est certain que quand on a ces repères, on a un sentiment d’appartenance et même de propriété. Quand je me promène en France, je me sens propriétaire de mon pays en ce sens que je suis parfaitement conscient que, depuis mille ans, les gens dont je descends ont travaillé, ici et là, pour en faire ce qu’il est." Avec cet entretien, le couple de sociologues Michel Pinçon et Monique Charlot-Pinçon, suivis par la caméra de Jean-Christophe Rosé, lançaient un travail qui a abouti en 2007 à la publication au Seuil d’un ouvrage intitulé : Les Ghettos du Gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces.
En un peu plus de vingt ans, les "Pinçon-Charlot", membres du laboratoire Cultures et sociétés urbaines au CNRS, ont livré au grand public une dizaine de livres écrits à quatre mains sur l’aristocratie, la (grande) bourgeoisie, les châteaux et châtelain(e)s, la chasse à courre... Le dernier en date étant une enquête sur la défense du patrimoine par les plus fortunés, filmée pendant un an.
Dîner à six chez un marquis, imposante réception privée au château de Versailles, entretien avec une comtesse... Tout en s’en étonnant, on ne peut que savoir gré à quelques-unes des personnalités rencontrées par le couple d’avoir accepté une caméra chez elles.
Mais l’angle principal de ce documentaire n’est pas là : en dépit de son titre, Voyage dans les ghettos du Gotha suit avant tout pas à pas le couple absolument attachant que forment les deux sociologues en mission au pays des riches. On les voit douter et se rassurer mutuellement quant à la façon de s’habiller pour un dîner, se retenir à une coupe de champagne vide pour se donner une contenance lors d’une grande réception, ou lire le manuscrit de leur livre à haute voix, sur des routes de campagne, un sandwich à la main.
Un regret, cependant : que l’on ne perçoive pas mieux la façon dont ils malaxent et analysent le "savoir" que leur transmettent leurs sujets d’enquête. Sans doute cela aurait-il été trop ardu pour un téléspectateur sollicité à une heure si tardive !
Aller plus loin
Là-bas si j’y suis : Les Pinçon-Charlot : « deux petits vieux dans un pavillon de banlieue en guerre contre le capitalisme planétaire... ». A voir ici
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